ROYAL WEDDING
fait référence à un événement
médiatique, celui d’un mariage princier, symptomatique
de l’ampleur de la scénarisation des événements
en vue de leur retransmission télévisée en
direct. Mallarmé a écrit un jour que « le monde
est fait pour aboutir à un livre » — la retransmission
du mariage royal disait à sa manière que l’Empire
britannique était fait pour aboutir à une émission
de télévision. (cf. à ce propos Umberto Eco,
« La transparence perdue », in La guerre du faux,
Grasset, 1985.)
ROYAL WEDDING est une exposition prenant la forme d’un essai
vidéo, présenté sur un moniteur dans «
l’appartement » de Ghislain Mollet-Viéville au
Mamco de Genève. Ce travail de réflexion se traduit
par un acte de postproduction curatorial, à partir de citations
ou d’extraits vidéos, confrontant des travaux d’artistes
de générations différentes (Douglas Gordon,
Dan Graham, Pierre Huyghe, Jonas Mekas, Philippe Parreno, Wolfgang
Staehle, Barbara Visser, John Williams…) à un ensemble
de matériaux de sources diverses, majoritairement issus de
l’infotainment (tv-réalité au sens
large, documentaires, cinéma, retransmissions sportives…).
Si l’art des dernières décennies a pu apparaître
comme étant principalement préoccupé par l’espace
réel — l’espace de l’œuvre comme l’espace
du quotidien (la réduction du « fossé »
entre l’art et la vie) — cette préoccupation
fondamentale a gagné la notion de temps réel. Dans
cette entreprise de restitution d’un réel « brut
», l’art se retrouve sur une voie parallèle à
celle empruntée par des formats généralement
associés à l’infotainment.
L’emploi de procédés comme le direct, le «
temps réel », le hors champ, le multi-angles, ou le
choix de thèmes comme le quotidien, l’exposition de
l’intime, sont autant de dispositifs destinés à
produire des « effets de réel » dont la création
contemporaine semble s’être emparée pour produire
un discours critique intégrant ces mêmes procédés.
Les emprunts faits par l’art aux formats de la fiction réaliste,
de la tv-réalité et du documentaire ne se contentent
pas d’assurer le passage d’une forme archaïque
de réalisme à une forme renouvelée d’hyperréalisme.
Au delà de l’impression de « déréalisation
de la vie », de l’« hallucination esthétique
du réel », ces emprunts sont aussi un point de départ
pour la production de situations, pour la production du réel
— plutôt que pour sa présentation ou sa représentation.
Royal Wedding, un projet réalisé
par la session13 de l’Ecole du Magasin :
Katia Anguelova, Julien Blanpied, Albane Duvillier, Thierry Leviez,
Guillaume Mansart et Clément Nouet, supervisé par
Vincent Pécoil, critique d’art et commissaire d’exposition.
9 juin - 12 septembre, vernissage le 8 juin.
Au 3ème étage du Mamco, dans « l’appartement
» de Ghislain Mollet-Viéville.
Mamco, 10, rue des Vieux-Grenadiers, CH-1205 Genève
le musée est ouvert au public du mardi au vendredi de 12h
à 18h, les samedi et dimanche de 11h à 18h, fermé
le 1er août et le jeudi 9 septembre.
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