De : <ecole@magasin-cnac.org>
Date : Lundi 15 mai 2006 15:43
À : Viktor Misiano
Objet : présentation du projet et invitation à contribuer à e-taz
Qu’est-ce que vous pensez du principe de la participation ? Est-ce que vous la considérez comme une forme de la démocratisation de l’art ? Quelles sont les circonstances nécessaires pour qu’elle soit opérante aujourd’hui? Qu’elle la rôle possible pour un artiste et pour le curateur en face du principe de la participation?
Elena.
De : Victor Misiano
Date : Jeudi 25 mai 2006 21:04
À : <ecole@magasin-cnac.org>
Objet : Re : présentation du projet et invitation à contribuer à e-taz
Le problème principal aujourd’hui – autant pour les pays de la vielle démocratie, de l’Europe de l’Ouest, que pour les pays de l’Europe de l’Est - est la crise de la démocratie représentative : l’institut de la représentation se renferme, ce que cause l’aliénation (éloignement) de la société des instituts de la démocratie et la prive du droit de la participation à la gestion de l’Etat. L’art, qui manifeste une capacité de mettre en œuvre les nouvelles formes des relations sociales et de la vie, réagit et propose le principe de la participation comme une forme de « la démocratie directe ». La participation dans l’art peut s’opérer sur les niveaux différents et à travers les formes différentes. Les artistes et les curateurs peuvent créer les projets qui proposent des situations au sein lesquelles il y a la participation sociale. Ils peuvent inclure la démocratie directe dans le contexte de son œuvre, en le créant en dialogue avec les spectateurs. Ils peuvent faire une participation comme le principe intérieur de l’œuvre, c’est-à-dire travailler dans le collectif, peut-être interdisciplinaire. Bien sûr, il existe toujours une possibilité de les réunir dans le même projet.
Mais le principe de la participation en-soi même peut devenir uneconjoncture, peut perdre le sens démocratique réel. Pour l’éviter, il doit réagir aux problèmes actuels évoqués par les mouvements sociaux, ce qu’est le principe de la démocratie. Sinon, la participation dans le sens politique peut devenir une routine autant que les instituts de la démocratie représentative. De plus, établir un principe de la participation dans l’art n’est pas une garantie de la qualité artistique d’un projet. Ce principe-ci pourrait être et parfois est déjà devenu une mode et uneconjoncture.
Je pensais aussi que la réponse à ces questions pourrait être mon texte sur « Le projet de Hambourg ». Il s’agissait du travail du curateur à la forme de la participation et partage. Ça pourrait être intéressante comme une morceau de l’histoire des années 90.
VM
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The "Hamburg Project": A Farewell to Discipline (.pdf)
"гамбурский проект": прощание с дисциплиной (.pdf)
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De : <ecole@magasin-cnac.org>
Date : Vendredi 26 mai 2006 23:07
À : Viktor Misiano
Objet : RE: présentation du projet et invitation à contribuer à e-taz
Quelles sont, s’il y en a, les principales similitudes ou différences entre les modalités de participation qui ont traversé votre pratique curatoriale depuis les années 90 à nos jours ? Pensez-vous que les modèles issus des années 90 sont encore opérants et pourquoi?
Elena.
De : Victor Misiano
Date : Samedi 27 mai 2006 17:38
À : <ecole@magasin-cnac.org>
Objet : Re : présentation du projet et invitation à contribuer à e-taz
On peut effectivement relever quelques différences :
Tandis que dans les années 90, les artistes avaient préféré se regrouper entre eux et former des collectifs, ils prennent aujourd’hui d’avantage en considération les phénomènes extérieurs, travaillent directement avec les communautés et provoquent des situations polémiques, voir antagonistes, qui constituent les conditions nécessaires à la démocratie. Le langage des mass média et les multiples possibilités de diffusion qu’ils ont engendrées ont beaucoup influencé l’art des années 90. De nos jours, les pratiques d’une majorité d’artistes s'enracinent dans une approche discursive des mouvements sociaux. Là où, à l’époque, la participation s’accomplissait ironiquement, elle se réalise aujourd’hui concrètement et intentionnellement. Les artistes avaient, dans les années 90, adopté des comportements ou des formes transgressifs (ce qui était en partie lié à leur volonté de s’auto-promouvoir), alors qu’aujourd’hui, ils s’affirment en tant qu’artiste avec sincérité et passion.
Actuellement persistent certaines questions essentielles concernant les pratiques participatives : Pourquoi ? Dans quelle intention ? Avec quelle idée ? Pour défendre quelle valeur ?
VM
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